Nicolas Mathieux Les enfants après eux

Après la lecture de ce roman, Prix Goncourt 2018, qui m’interloque,  je me pose plusieurs questions.
Ce roman m’interloque parce qu’il me rappelle que tant de gens traversent leur vie sans réussir à la rendre plus vivable.

Et l’auteur dit vrai.

ll faut avoir vécu cette façon de vivre pour oser en parler, la décrire. On ne s’imagine pas cela. Anthony, le personnage principal, n’arrive pas à s’en échapper finalement. D’autres si. Mais c’est une minorité là. Nous sommes dans une petite ville dans le nord est de la France qui a perdu son industrie. La désolation donc.

Tout en bouffant mal, buvant et fumant beaucoup, se consolant de regarder des feuilletons à la télé, baisant ou s’en privant même, bossant bêtement sinon chômant, s’endettant, quittant la vie quand la vie a choisi de les quitter.

On l’a échappé belle. L’auteur aussi. Il a réussi à nous attendrir, à nous rapprocher de ces gens. Ils sont comme nous, les lecteurs qui savent lire. Il ne faut pas être fier de ne pas vivre comme eux. C’est quoi notre vie? On s’est créé une sorte de bonheur qu’on croit plus durable. Plus de stabilité, de confort. Espérons-le.

L’auteur s’est servi de leur langue, un français vivant. Autre révélation. Il excelle en décrivant la vie des jeunes, utilisant leur langue qui reflète leur univers. Fort opportunément il parle aussi des travailleurs marocains et leurs enfants. Hacine est l’autre personnage principal. Le livre se termine aussi par une rencontre entre Anthony et Hacine. Une rencontre qui n’aboutit pas.

L’apprentissage sexuel est raconté sans ambages. Une sexualité qui sert à faire des enfants. Qui eux aussi feront la même chose que leurs parents. Leurs enfants après eux.

Et la colère dans tout cela? Il est facile d’être en colère. Etre en colère contre contre soi? Contre qui alors? Il est facile de parler de faute, mais la faute à qui? A soi-même? N’empêche que l’auteur exprime sa colère. La colère existe. Mais de quelle colère s’agit-il?

Le livre m’a fait penser à Zola, un auteur que j’aime bien. Mais après la lecture d’un roman de Zola on s’imagine souvent une lutte à faire. Mais ici? Il y a aussi une incapacité de bien choisir sa vie. Et je pense  évidemment à un groupe de Gilets jaunes bien sûr qui revendiquent des choses justes. Mais nous sommes aussi dans une société presque sans autre religion que celle de s’acheter des choses, de s’en voir obligés en subissant le matraquage des publicités. Puisque les autres achètent aussi. Et cette société reste-t-elle vivable?

 

 

 

 

 

 

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