Bouvard et Pécuchet

Le style de Flaubert n’y est pas pour rien bien sûr. Style qui n’a pas démodé et qui me plaît. L’auteur nous fait sourire aussi.

Peu à peu on commence à les aimer. On ne s’identifie pas vraiment à eux, ils représentent deux aspects de nous. Dont on a un peu honte parfois. Ils se supportent, s’aiment parfois, se fâchent l’un contre l’autre aussi par moments. Mais le plus souvent ils s’entichent ensemble l’un entraînant l’autre.

Toutes leurs folies, leurs enthousiasmes, leur désarroi, leurs désenchantements, leurs contacts avec les gens autour d’eux, avec leurs domestiques, leur personnel, la méfiance qu’ils suscitent quand ils ne respectent pas l’ordre établi autour d’eux, tout cela nous ressemble, ressemble notre vie, ressemblerait notre vie si par hasard…

En menant leur vie grâce à un héritage bien venu ils ne comptent pas. Ils dilapident leur fortune. Ce n’est pas très normand…Ils ne comptent pas vraiment les sous, ont l’air de ne pas s’y intéresser tant que le trop grand nombre de factures ne gâte pas leur plaisir.

Encore une chance que nos héros ne sont pas vraiment menacés. Ils sont aussi facilement cléricaux qu’anticléricaux, leur réputation les sauve. On les trouve déjà “bizarres”.  Et leur fortune supposée les protège aussi.

Ils sont comme nous souvent. Une nouvelle idée, un nouvel enthousiasme, une connaissance relative malgré des efforts parfois, des nuits sans sommeil, un abandon rapide puisqu’une autre idée plus intéressante ressurgit et ainsi de suite.

Je suis plein d’admiration pour le passage en revue de toutes ces sciences et ces idées sciemment présentées sans véritable précision. Sans l’aide d’un ordinateur! L’imprécision des théories, des idées qui enchantent les deux héros suggèrent, supposent une vraie connaissance de l’auteur. Quelle labeur. Nous sommes au 19ème siecle!

Flaubert n’a pas pu terminer ce roman. Sa mort est survenue. Il nous a laissé quelques notations. Mais nous n’en avons pas besoin. Sans vouloir il nous a laissé un texte moderne. A nous de nous imaginer la suite. Ce texte ne nécessite pas de fin. Il n’y a que la suite des idées, des folies, des gens qui jasent. Et cela nous amuse. Mais qui sommes-nous?

Pour moi un chef- d’oeuvre

Pour une lecture en néerlandais: Gustave Flaubert, Bouvard en Pécuchet, De Arbeiderspers, Amsterdam 1988. Belle traduction d’ Edu Borger

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